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Volcanologie, Géologie & Minéralogie

Naissance des Cristaux, composition cristalline et chimique des roches, microscopie polarisante, mesures en tout genre, modèles théoriques, références historiques et prévisions... Voir descriptif détaillé

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1er mai 2012 17:28, par Sophie AMMANN (Educatrice scientifique)

Le Karakorum, glacier de l’Himalaya qui ne fond pas

Les glaciers de l’Himalaya fondent lentement, mais une partie d’entre eux sont dans un état stable, voire regagnent légèrement du volume : c’est ce qui ressort de deux articles scientifiques parus dans les revues Science du 20 avril et Nature Geoscience du 15 avril.

Cette dernière étude, signée par trois chercheurs français, constate de manière très précise un phénomène surprenant : « L’anomalie du Karakorum », c’est-à-dire l’augmentation de la masse glaciaire de ce grand massif s’étendant sur 20 000 km2 à l’ouest de la chaîne himalayenne, aux confins de l’Inde, de la Chine et du Pakistan.

Les scientifiques ont étudié 5 000 km2 de ce massif en utilisant des images satellitaires de la navette spatiale Endeavour et du satellite Spot 5. Appliquant une nouvelle méthode, dite du modèle numérique de terrain différentiel, ils ont comparé deux séries d’images de la même région prises en 1999 et en 2008.

Un inventaire minutieux des glaciers a conduit à dresser une carte topographique des zones stables, c’est-à-dire dont l’altitude n’a quasiment pas varié entre les deux observations. Il a ensuite été possible d’estimer la modification d’altitude des glaciers, évaluée à un gain moyen de 0,11 mètre par an.

PLUS DE PRÉCIPITATIONS

Le résultat est d’autant plus important qu’il repose sur une méthode jugée plus fiable que d’autres procédés. La mesure in situ - des relevés physiques à intervalles réguliers - est peu praticable sur cet immense massif difficile d’accès. Et la méthode gravimétrique, reposant sur un suivi des variations du champ de gravité terrestre, ne permet pas d’attribuer avec certitude les pertes de masse observées aux glaciers.

Comment expliquer ce léger gonflement des glaciers du Karakorum, alors que le changement climatique entraîne une fonte de leurs voisins himalayens ? « Les indications météorologiques suggèrent qu’il y a une sorte de microclimat, avec plus de précipitations et une température en légère baisse, affirme Etienne Berthier, un des auteurs de l’étude. Mais le manque d’observations ne permet pas de certifier cette hypothèse. »

Sur l’ensemble de l’Himalaya, en revanche, la perte de masse des glaciers est attestée, comme le montre une étude de synthèse des recherches publiée dans Science par une équipe dirigée par Tobias Bolch, de l’université de Zürich. « Le budget de masse sur de vastes parties de l’Himalaya est négatif sur les cinq dernières décennies, explique l’article. Et le taux de perte s’est accru depuis 1995. » L’étude met cependant les choses au clair, après la polémique qui s’était produite début 2010 sur ce sujet : « L’affirmation selon laquelle la plupart des glaciers de la chaîne pourraient disparaître en 2035 est fausse. »

En fait, les observations précises réalisées notamment par des méthodes satellitaires restent insuffisantes pour évaluer la rapidité de la perte de masse des glaciers de l’Himalaya. Les chercheurs recommandent un inventaire de tous les glaciers selon des standards communs et la poursuite du développement de méthodes de détection à distance, notamment par satellites.

« L’échange des données » est un autre préalable pour faire avancer la connaissance, alors que les trois principaux pays riverains collaborent difficilement sur cette région stratégique.

Hervé Kempf, Le Monde

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1er mai 2012 17:28, par Sophie AMMANN (Educatrice scientifique)

Le Karakorum, glacier de l’Himalaya qui ne fond pas

Les glaciers de l’Himalaya fondent lentement, mais une partie d’entre eux sont dans un état stable, voire regagnent légèrement du volume : c’est ce qui ressort de deux articles scientifiques parus dans les revues Science du 20 avril et Nature Geoscience du 15 avril.

Cette dernière étude, signée par trois chercheurs français, constate de manière très précise un phénomène surprenant : « L’anomalie du Karakorum », c’est-à-dire l’augmentation de la masse glaciaire de ce grand massif s’étendant sur 20 000 km2 à l’ouest de la chaîne himalayenne, aux confins de l’Inde, de la Chine et du Pakistan.

Les scientifiques ont étudié 5 000 km2 de ce massif en utilisant des images satellitaires de la navette spatiale Endeavour et du satellite Spot 5. Appliquant une nouvelle méthode, dite du modèle numérique de terrain différentiel, ils ont comparé deux séries d’images de la même région prises en 1999 et en 2008.

Un inventaire minutieux des glaciers a conduit à dresser une carte topographique des zones stables, c’est-à-dire dont l’altitude n’a quasiment pas varié entre les deux observations. Il a ensuite été possible d’estimer la modification d’altitude des glaciers, évaluée à un gain moyen de 0,11 mètre par an.

PLUS DE PRÉCIPITATIONS

Le résultat est d’autant plus important qu’il repose sur une méthode jugée plus fiable que d’autres procédés. La mesure in situ - des relevés physiques à intervalles réguliers - est peu praticable sur cet immense massif difficile d’accès. Et la méthode gravimétrique, reposant sur un suivi des variations du champ de gravité terrestre, ne permet pas d’attribuer avec certitude les pertes de masse observées aux glaciers.

Comment expliquer ce léger gonflement des glaciers du Karakorum, alors que le changement climatique entraîne une fonte de leurs voisins himalayens ? « Les indications météorologiques suggèrent qu’il y a une sorte de microclimat, avec plus de précipitations et une température en légère baisse, affirme Etienne Berthier, un des auteurs de l’étude. Mais le manque d’observations ne permet pas de certifier cette hypothèse. »

Sur l’ensemble de l’Himalaya, en revanche, la perte de masse des glaciers est attestée, comme le montre une étude de synthèse des recherches publiée dans Science par une équipe dirigée par Tobias Bolch, de l’université de Zürich. « Le budget de masse sur de vastes parties de l’Himalaya est négatif sur les cinq dernières décennies, explique l’article. Et le taux de perte s’est accru depuis 1995. » L’étude met cependant les choses au clair, après la polémique qui s’était produite début 2010 sur ce sujet : « L’affirmation selon laquelle la plupart des glaciers de la chaîne pourraient disparaître en 2035 est fausse. »

En fait, les observations précises réalisées notamment par des méthodes satellitaires restent insuffisantes pour évaluer la rapidité de la perte de masse des glaciers de l’Himalaya. Les chercheurs recommandent un inventaire de tous les glaciers selon des standards communs et la poursuite du développement de méthodes de détection à distance, notamment par satellites.

« L’échange des données » est un autre préalable pour faire avancer la connaissance, alors que les trois principaux pays riverains collaborent difficilement sur cette région stratégique.

Hervé Kempf, Le Monde

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